L’ancienne vedette de la télévision, spécialiste du journal de 20 heures sur la chaîne de télévision privée TV+ et surtout déesse des faits de société, F rédérique Nsa Ntoutoume, 34 ans est décédée dans la nuit de samedi à dimanche au Centre hospitalier de Libreville (CHL) où elle a été admise le même jour suite à un malaise.
TV+ où Frédérique a explosé son talent entre 2002 et 2005 lui consacre plusieurs tranches horaires pour les hommages.
Frédérique
est en fait une autodidacte en journalisme. Elle profite de la
libération des ondes pour réaliser son rêve. Le destin l’amène à Radio
Soleil, la radio de l’opposant de l’époque, Paul Mba Abessole. C’était
en 1997. Elle est accueillie par Ismaël Obiang Nze, un autre jeune
journaliste qui lui montre les techniques de base du journalisme.
L’élève apprend vite ses leçons. Elle est rapidement au top dans la présentation du journal radio et le reportage.
Vers
2001, le père Paul Mba Abessole amorce son rapprochement avec le
pouvoir. Ce changement de politique provoque également une déviation de
la ligne éditoriale de la radio. De la critique acerbe, la radio rentre
dans les rangs. Les auditeurs perdent le fil et se détournent. La radio
sombre.
Frédérique quitte le bateau. Elle atterrit en 2002 à
TV+, un de nouveaux médias qui font l’audimat dans la capitale
gabonaise. Enthousiaste et dynamique, Frédérique se lance dans les
reportages de société. Frédérique faisait verser des larmes aux
téléspectateurs chaque fois qu’elle commentait l’incendie d’une maison
d’habitation, un décès par accident, noyade dans la mer ou autres faits
de société.
Elle tendait son micro aux témoins, aux sans voix,
ce que la télévision nationale ne faisait pas assez. Elle se fait
rapidement distinguer par sa hiérarchie qui lui confie les commandes du
journal de 20 heures.
Belle, teint sombre, les yeux doux,
dégagée, sympathique, Frédérique avait tout d’une belle africaine.
Blagueuse, amusante cette jeune fille qui a passé quelques années en
France, était le ventilateur de la bonne humeur pendant les reportages.
Jamais en colère, elle débordait d’énergie.
Son dernier grand
reportage, Frédérique l’avait probablement réalisé à Oyem (nord), sa
ville d’origine où elle était l’envoyée spéciale de TV+ lors de
l’élection présidentielle de 2005.
La page électorale tournée,
Frédérique a amorcé la page sombre de sa vie sur terre. Un mal à la
gorge l’empêchait de conserver son fauteuil au journal de 20 heures. Un
peu diminuée, elle ne se sentait véritablement plus en confiance dans
le journalisme.
En 2006, elle a définitivement quitté TV+ et le
monde de la communication. Frédérique a vivoté. Elle a passé des
journées sans occupation professionnelle. Ses cinq enfants étaient
devenus son seul espoir de vivre.
Malgré sa santé financière précaire, elle continuait à s’occuper de sa maman paralysée depuis plusieurs années.
Comme
pour dire un adieu à ses anciens camarades, elle est passée à TV+ il y
a deux semaines. « Un simple bonjour », a-t-elle dit, toute souriante,
à ceux qui étaient présents dans la maison.
Vendredi soir,
Frédérique a été foudroyée par un malaise qui l’a conduite à l’hôpital
général. C’était une hyper tension, selon sa famille. Au petit matin,
elle s’est endormie sans dire un mot à ses enfants, à sa mère, bref à
tous ses téléspectateurs qu’elle quittait toujours par un sourire et un
regard charmant.
Adieu l’artiste ! Que la terre te soit légère.
Yves Laurent GOMA/ Gabonpage
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