GABON - 6 juillet 2008
- par SERGE ALAIN GODONG
Pour
contrer l’arrivée de la concurrence, le groupe français a investi 91
milliards de F CFA, depuis cinq ans. Et compte bien poursuivre malgré
les incertitudes sur l’actionnariat de la maison mère.
Portée par un marché
international de manganèse exceptionnellement haut, Comilog, la filiale
gabonaise du groupe minier français Eramet, qui détient 67 % du
capital, affiche une santé financière insolente. À 79 milliards de F
CFA (120,4 millions d’euros), le résultat d’exploitation a plus que
doublé en 2007, sur un chiffre d’affaires de 272,4 milliards de F CFA,
en progrès de 43 %. En fait, Comilog profite d’un double effet positif
: l’augmentation de sa production de minerai, passée de 2,8 millions de
tonnes en 2005 à 3,5 millions prévus cette année, et la flambée des
cours, qui atteignent en prix FOB au port d’Owendo 400 dollars la
tonne, contre 150 dollars il y a un an. Grâce à son gisement de Moanda,
dans le sud-est du pays, exploité depuis les années 1960, le Gabon
occupe à présent le deuxième rang mondial derrière la Chine, d’où
provient la moitié des 20 millions de tonnes produites chaque année.
De quoi aiguiser la concurrence. La compagnie brésilienne Vale do
Rio Doce (CVRD) prospecte également dans le Haut-Ogooué, les Chinois de
Sinosteel ont obtenu un permis à Mbigou (Sud), et deux autres sociétés
de l’empire du Milieu se sont installées à Njolé, dans la région de
Libreville. À terme, le Gabon veut devenir le premier producteur
mondial de manganèse. « L’explosion actuelle de la demande ne peut que
renforcer la place prépondérante qu’occupe Comilog. La plupart des
gisements identifiés, notamment en Afrique du Sud, ne sont pas
exploitables faute de chemin de fer pour transporter le minerai »,
assure Philippe Joly, directeur de la stratégie d’Eramet.
Objectif : 4 millions de tonnes
Ces performances et cette conjoncture intéressantes justifient les «
réflexions » que mène, en ce moment, Eramet dans le but d’accroître ses
investissements. En visite le mois dernier à Libreville, où il a
rencontré le président Omar Bongo, le PDG d’Eramet, Patrick Buffet, a
confirmé l’objectif de parvenir à 4 millions de tonnes à l’horizon de
2010. Pour cela, il est prévu d’étendre l’exploitation sur le plateau
voisin d’Okouma. Deux usines pour augmenter les capacités de
transformation doivent également voir le jour. Les investissements sont
évalués à 70 milliards de F CFA. La décision de lancement est prévue
début 2009, mais elle est conditionnée par le projet du barrage de
Poubara. À cela s’ajoutent les 91 milliards de F CFA déjà dépensés, les
cinq dernières années, notamment pour moderniser la ligne de chemin de
fer du Transgabonais (Setrag). « Notre situation nous permet de
financer tous ces projets », explique Philippe Vecten, directeur de la
branche manganèse chez Eramet. Les gisements encore disponibles dans le
pays se situent autour de 200 millions de tonnes (minerai de qualité
supérieure), alors qu’à l’échelle mondiale ils sont estimés à quelque
700 millions de tonnes. Pas de doute, le centre de gravité d’Eramet
passe par Libreville.
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