Une nouvelle plainte pour « recel de détournement de biens publics » a été déposée à Paris par deux ONG de défense des droits de l’homme, contre quatre chefs d’Etat africains. Ceux-ci sont à la tête d’impressionnants patrimoines immobiliers en France. La précédente plainte, classée sans suite par le parquet de Paris l’an dernier, aura au moins permis de dresser l’inventaire de la fortune des biens détenus par les chefs d’Etat africains. Un butin considérable.
Le président du Gabon, Omar Bongo, au pouvoir depuis quarante et un ans, détient avec ses proches, 33 appartements et maisons, dont un hôtel particulier près des Champs-Elysées acheté 18,875 millions d’euros en juin 2007. L’enquête lui a aussi attribué deux appartements de 88 et 210 m2 situés avenue Foch à Paris et un autre de 219 m2 dans le XVIe arrondissement. Sont également visés par la plainte Eduardo dos Santos, président de l’Angola, Blaise Campaoré, celui du Burkina Faso et Teodoro Obiang, de la Guinée équatoriale.
Immunité
« Ce patrimoine n’a pu être acquis grâce aux seuls salaires des personnes visées », affirment les plaignants, Transparency international et Sherpa, deux ONG de défense des droits de l’homme. Ils souhaitent que le juge d’instruction enquête sur les conditions d’acquisition des immeubles et d’alimentation des comptes bancaires. Mais la prescription des faits, et l’immunité accordée en droit français aux chefs d’Etat en exercice seront sans doute un obstacle à la restitution des fonds publics détournés aux pays concernés.
Edition France Soir du vendredi 11 juillet 2008 n°19845 page 7
Le sommet des pays du G8 a pris fin ce mercredi 9 Juillet 2008 au Japon. Comme à leur habitude, c’était l’occasion pour ceux qui se prennent pour le centre de gravité du monde, les pays qui se glorifient dans leur hypocrisie, de se faire leur publicité. Pour la première fois ce sommet peut se vanter de contraindre au moins ces pays à l’adoption d’un objectif chiffré sur la réduction des émissions de gaz. En effet, les dirigeants des huit pays les plus industrialisés (G8) se sont accordés mardi au Japon sur la nécessité de réduire «d'au moins 50 %» d'ici 2050 les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le G8 envisage pour cela de s'associer aux négociations en cours sous l'égide de l'ONU au sein de la Convention sur les changements climatiques (UNFCCC). A l’endroit de l’Afrique, le contient qui fait parler même les « muets », le communiqué final indique que le G8 a renouvelé les engagements sur l'aide publique au développement pris à Gleneagles en 2005. Lors de ce sommet ces pays s’étaient engagés à doubler l'aide à l'Afrique pour la porter à 50 milliards de dollars par an d'ici 2010. Le présent article fait suite à l’humiliation que certains dirigeants africains font subir aux valeureux fils de l’Afrique que nous sommes.
Pourquoi l’Afrique attend toujours des promesses des autres
Les dirigeants africains ont demandé lundi (premier jour du sommet) au groupe des huit pays industrialisés, en sommet au Japon, d’honorer leurs engagements envers le continent, tout en avertissant que l’augmentation des prix des denrées alimentaires et du prix du pétrole représente un danger immédiat. Réunis sur l’île japonaise d’Hokkaïdo, les sept dirigeants africains (Afrique du Sud, Algérie, Ethiopie, Ghana, Nigeria, Sénégal, Tanzanie, plus l'Union africaine) ont mandaté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Kazuo Kodama, en marge d'une séance à huis clos, de dire au pays du G8 qu’ils apprécient l’engagement des dirigeants du G8 envers l’Afrique au cours des derniers sommets, toutefois ils aimeraient voir ces engagements complètement mis en œuvre. Le Mouvement de Libération de l’Afrique Noire (MLAN) dénonce cette attitude peu gratifiante de l’Afrique, qui, d’ailleurs ressemble bien à la mendicité. L’Afrique a tout pour son décollage, pourquoi aller faire la manche devant des pays dont le respect ne tient encore que pour leur passé reluisant. Comment comprendre qu’un continent aussi riche que l’Afrique ne trouve pas les ressources nécessaires pour son développement au point de d’avoir pour projet la ferme volonté de faire respecter des promesses. Honte à l’Afrique. Nous saluons cette bonne leçon des pays du G8 à l’Afrique : les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. L’Afrique est devenue aujourd’hui la dernière de la classe, un facteur limitant au point que des stars du rock comme Bono et Bob Geldof plaident non pas pour que les pays occidentaux arrêtent leur terrorisme économique mais pour que les pays dits riches mettent « des miettes » dans la corbeille pour l’Afrique. Pourquoi courir après ceux qui existent parce nous existons ?
Que vaut encore le groupe des huit ?
Pour mémoire, rappelons que G8 s’appelait à sa création le G5. Après le premier choc pétrolier, le monde diplomatique devait prendre connaissance du fruit du cerveau fécond de Valéry Giscard d'Estaing, le G5. Le sommet avait pour but de réunir, initialement "au coin du feu" (on était à Rambouillet), les dirigeants des cinq premières puissances économiques mondiales dans un espace de concertation sur les grandes évolutions économiques des pays membres. Mais très vite ce G5 est devenu G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume Uni, Italie, Canada) et a élargi ses sujets de discussion (sida, drogue, environnement…) puis aujourd’hui on parle de G8. Ainsi donc le Groupe des huit (G8) est un groupe de discussion et de partenariat économique de huit pays parmi les plus puissants économiquement du monde : les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie, le Canada, et la Russie. Ensemble, les pays du G8 représentaient 61% de l'économie mondiale. Toutefois si l’on doit retenir le poids de ces pays dans l’économie mondiale comme le critère qui fait d’eux les commandants de bord du navire mondial, nous doutons bien que ces pays ne soient des usurpateurs. D’abord, les économistes qui se respectent reconnaissent que le bilan de santé de ces pays n’est pas satisfaisant, mieux, il y a un risque de rupture d’anévrisme économique. L’an dernier, le monde a échangé pour 12000 milliards de dollars de marchandises et de services, 60 fois plus qu’il y a 40 ans. Mais alors que l’Europe et l’Amérique du Nord en réalisaient autrefois les deux tiers, l’Asie (fors Japon) 8,8% et la Chine 1%, les proportions sont respectivement passées à 52,29 et 8%. Avec l’envolée du prix du baril qui s’est installé durablement au-dessus de 100 dollars et la crise financière (14000 milliards de dollars), aujourd’hui, les pays à économie planifiée représentent 40% du PIB mondial. La réalité aujourd’hui c’est que la bascule du pouvoir tient à trois chiffres, explique l’essayiste Nicolas Baverez. Le Sud représente désormais 50% de la richesse mondiale, 72% des réserves de change et 3000 milliards de dollars de fonds souverains. Les bras et l’argent sont désormais au Sud. Reste les idées au Nord et d’ailleurs pour combien de temps. Tout dépendra des efforts, donc de la vitesse d’ajustement des économies du Sud. Selon les projections du cabinet PWC, Inde, Chine, Etats-Unis joueront jeu égal d’ici 2050, tandis que Vietnam, Nigeria et Turquie vivront sur un même pied que la France et l’Allemagne d’aujourd’hui. Mieux, 37% des exportations mondiales ont été réalisées par les pays émergents en 2006, contre 28% il y a dix ans. Sur la même période, la part des pays développés descendait de 70 à 59%. Surtout, la part du commerce Sud-Sud représente désormais 17% des échanges mondiaux contre 11% il y a dix ans (CNUCED). A travers cette photo économique du monde actuelle, point n’est besoin de charlatan pour voir que le groupe des huit mérite un procès pour faux et usage de faux, pour usurpation de titre. Regardez l’enlisement de la situation américaine en Irak où les américains se sont eux-mêmes dévalorisés sous l'administration Bush. Contemplez de même cette France qui fuit de l’Afrique après son bourbier ivoirien. Comment comprendre que des tonneaux qui sont vides jouissent d’une telle considération ? La réponse est sans doute simple : tant que l’Afrique pleurnichera, tant qu’elle ira dans ses sommets pour mendier, ce groupe de huit subsistera.
L’Afrique doit exister par elle-même
Les pays africains ou du moins certains gouvernants africains ont un drôle de jeu : détourner l’argent du peuple et courir de sommet en sommet pour quémander ce que les pays occidentaux ont pillé en Afrique. Quel est ce continent qui veut coûte que coûte exister par les autres ? Ces dirigeants qui arpentent les allées des bureaux de Washington, de Paris ou de Londres ont-ils pour ennemi la dignité ? Nous condamnons ces humiliations que nous font subir ces pantins à la tête de nos pays. Même pour organiser des élections, il faut faire la manche. C’est le cas d’un pays comme la Côte d’Ivoire qui proclame son indépendance en même temps qu’elle demande des fonds pour organiser des élections. Peut-on accepter un financement extérieur des élections et empêcher l’immixtion étrangère dans la gestion d’un pays ? À cette question que les Sachants nous répondent. La vraie liberté doit venir de nous-mêmes, elle ne se donne pas par procuration. Aujourd’hui il faut aller en Afrique Noire pour trouver des pays qui se disent indépendants et dont leur monnaie est dirigée par la Banque Centrale Européenne. Si aujourd’hui, un cénacle sans légitimité aucune engage pourtant la planète, c’est parce que l’Afrique, la dernière de la classe lui donne encore des ressources pour exister. Avec les ressources minières, pétrolières et autres, nous attendons de l’Afrique des prouesses et non qu’elle attende des promesses. C’est cette disposition de toujours tendre la main qui fait croire à ces milliers de jeunes, qui meurent comme des animaux, sur la route d’un hypothétique eldorado européen. Oh Afrique, dis-moi le jour que ta nudité sera couverte.
Dieu bénisse l’Afrique !
Vive l’Afrique digne !
Le Président du MLAN
Prao YAO Séraphin
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Rédigé par : MLAN | 11 juillet 2008 à 09:49