Publicité mensongère
GABON - 6 juillet 2008 - Cherif Ouazani
Un communiqué d’une page pleine sur le Gabon, paru dans le quotidien français Le
Figaro du 4 juillet, pose un problème de déontologie grave et inédit. Le procédé
utilisé conjointement par le gouvernement gabonais et l’agence de communication
World Investment News (Winne, basée en Espagne) relève en effet à la fois de la
publicité mensongère et du message subliminal. Un titre barre cette pleine page
de pub : « L’Union africaine, le Gabon prend la présidence et montre le bon
exemple. » Deux contrevérités et une faute. Commençons par les deux
contrevérités.
La première est que ni le Gabon ni le président Omar Bongo Ondimba n’assurent la
présidence en exercice de l’Union africaine (UA). Ce rôle est dévolu à la
Tanzanie, dont le président, Jakaya Kikwete, a été élu par ses pairs le 31
janvier 2008, à Addis-Abeba, pour un mandat d’une année. La seconde est plus
subtile. L’ancien vice-Premier ministre gabonais, Jean Ping, a bien été élu à
la tête de la Commission de l’UA (la nuance est importante). Mais la
publication de ce communiqué intervient au lendemain du sommet de l’UA à Charm
el-Cheikh (30 juin-1er juillet), laissant entendre que ce « succès gabonais » a
été acquis lors de celui-ci. Or l’élection de Jean Ping a eu lieu six mois
auparavant. La confusion est aussi grossière que volontaire.
Quant à la faute, elle ferait se retourner dans leurs tombes les pères
fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, ancêtre de l’UA).
Réduire celui qui a été choisi par les chefs d’État africains pour incarner
l’ensemble du continent à sa seule qualité de ressortissant d’un pays et en
profiter pour publier un long publireportage à la gloire de son président est
un affront au panafricanisme qui anime les institutions continentales. Est-il
besoin de préciser que cette page a été commandée et payée par le Gabon, comme
le démontrent ces remerciements appuyés à Paul Toungui, ministre gabonais des
Finances, exprimés dans un encadré en bas de page ?
Voir l'article Plus bas..............(publié in-extenso)
Le Figaro vendredi 4 Juillet 2008 N°19883
LE GABON
PREND LA PRÉSIDENCE ET MONTRE LE BON EXEMPLE
A la suite du 10ème sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu à Addis Abeba ( Ethiopie), Jean Ping, Ministre des Affaires étrangères du Gabon a été élu à la présidence de la commission de l’Union. Le Gabon se voit ainsi récompensé pour l’action diplomatique
LE GABON
A MIS EN OEUVRE D’ÉNORMES
RÉFORMES ÉCO-NOMIQUES ET FINANCIÈRES
AFIN DE RÉDUIRE SA VULNÉRABILITÉ VIS- À-VIS DU PÉTROLE
Le Gabon, comme plusieurs pays africains producteurs de pétrole, a longtemps compté sur l’usage des ses ressources pétrolières pour financer son développement. Le pétrole a longtemps dominé l’ensemble de l’économie et représenté en moyenne 80% des recettes d’exportations, 50% du PIB et 60% des recettes budgétaires.
Pour réduire cette dépendance, éviter une alternance nuisible des cycles d’expansion et de crise liée aux fluctuations du prix du pétrole, le Gouvernement, sur instruction du Président de la République, Chef de l’Etat, son Excellence El Hadj Omar BONGO ONDIMBA, et avec le soutien des principaux partenaires au développement, s’est lancé depuis 2002 dans des reformes économiques et financières ambitieuses.
Les programmes initiés depuis 2002 ont commencé à porter leurs fruits. Le Gabon a réussi au cours de ces dernières années : ( i) à rétablir les équilibres macroéconomiques; ( ii) à dynamiser le secteur hors pétrole qui connaît une croissance positive; ( iii) et à refluer de façon significative le poids de la dette dans le PIB.
Toutes ces réformes posent désormais les bases de la diversification de l’économie. Les autorités gabonaises sont résolues à les poursuivre pour consolider les acquis des programmes précédents appuyés par le Fonds monétaire international1
et opérer une transition d’une économie dominée par le pétrole à une économie s’appuyant essentiellement sur le dynamisme du secteur hors pétrole.
LA MACROÉCONO-
STABILITÉ MIQUE A ÉTÉ LA PRIORITÉ DE
GOUVERNEMENLA POLITIQUE TALE SUR LA PÉRIODE
20022007
Le Gabon a réalisé d’énormes progrès dans la rationalisation de la gestion de ses finances publiques au cours de cette période.
La stabilité macroéconomique a été retrouvée après des années de croissance économique faible et négative. Depuis 2003, le Gabon est sur le sentier de la croissance positive avec un taux annuel moyen de 2%. La croissance continue du secteur hors pétrole, dont le taux a atteint 4,9% en 2006, constitue le principal fait remarquable de cette évolution. En 2007, le taux de croissance réel du PIB est estimé à 5,6% dont 6,4 pour le PIB hors pétrole.
Renforcement de l’assainissement des finances publiques
Grâce à la bonne tenue des recettes pétrolières et aux mesures d’ajustement, l’excédent budgétaire s’est renforcé. Le déficit primaire hors pétrole, indicateur le plus pertinent pour apprécier la soutenabilité des finances publiques dans le cas du Gabon a été réduit d’environ 8 points du PIB non pétrolier entre 2000 et 2004 pour s’établir à 9%.
Ces résultats satisfaisants sont la conséquence des mesures importantes et parfois impopulaires prises par le Gouvernement ( privatisation des entreprises publiques et l’augmentation des prix des carburants pour réduire les subventions…).
Le gouvernement vise à travers sa politique budgétaire à ramener en 2011 le déficit primaire non pétrolier à 5%, qui est le niveau soutenable en cas de baisse importante de la production pétrolière.
Les comptes extérieurs on été dopés et la position officielle du Gouvernement améliorée
L’excédent courant de la balance des paiements a considérablement augmenté sous l’effet de la bonne tenue des recettes pétrolières ( due à la stabilisation de la production et la hausse nette des cours). De 6,9% du PIB en 2002, le compte des transactions courantes est passé à 18,4% du PIB en 2006. En valeur absolue, l’excédent a été multiplié par quatre au cours de la période.
Parallèlement, le Gouvernement a consenti d’énormes efforts pour restaurer sa crédibilité. Le ratio de la dette publique par rapport au PIB a été considérablement réduit, il passe de 70,1% en 2002 à 33,8% en 2006.
Sur le plan intérieur, plusieurs mesures ont été mises en oeuvre pour restaurer la crédibilité de l’Etat. Les « Clubs de Libreville » ont été mis en place pour rembourser la dette envers les créanciers privés locaux. Près de 150 milliards de Fcfa furent déboursés dans le cadre de ces « Clubs » entre 2004 et 2006. De même le délai de règlement des factures au Trésor est désormais de 60 jours, contre 120 jours il y a trois ans.
Au niveau des comptes monétaires, les avoirs extérieurs nets ont été reconstitués entre 2002 et 2006. Ils sont passés de 36,1 milliards de Fcfa à 715,4 milliards de Fcfa. Le taux de croissance du crédit à l’économie est passé de 78% entre 1998- 2000 à 122% entre 2002-2006. L’amélioration du crédit à l’économie constitue désormais un atout majeur pour l’investissement privé et réduit de manière substantielle l’effet d’éviction constaté au cours des périodes précédentes.
LES STRUCTUREL-
RÉFORMES LES,
LA BONNE GOUVERNANCE ET LA TRANSPARENCE ONT
ENREGISTRÉ DES PROGRÈS SANS PRÉCÉDENT
L’action du Gouvernement ne s’est pas limitée à la consolidation des agrégats macroéconomiques. Plusieurs réformes structurelles ont été mises en oeuvre, la transparence et la bonne gouvernance ont été renforcées.
Les réformes structurelles ont concerné d’abord les finances publiques. Il était important de réformer l’administration pour mieux mobiliser les recettes hors pétrole. Les services douaniers ont, entre autre, été informatisés, ce qui permet de lutter efficacement contre la fraude et de réduire les délais de traitement des dossiers. Les services fiscaux ( la Direction Générale des Domaines et la Direction Générale des Contributions Directes et Indirects) furent fusionnés afin de créer une Direction Générale des Impôts en 2004. Une Direction des Grandes Entreprises fut créée au sein de cette Direction Générale pour servir d’interlocuteur fiscal unique.
L’autre défi majeur pour les finances publiques concerne la maîtrise de la dépense. Pour surmonter ce défi, un nouveau code des marchés publics a été adopté et l’effet immédiat a été l’augmentation de la part des marchés passés par appel d’offres. Le désengagement de l’Etat du secteur productif a permis de réduire les subventions publiques. Plus généralement, l’efficacité de la dépense a été renforcée.
Les réformes s’attaquaient aussi aux facteurs de blocage d’une diver- la poursuite de la diminution significative du déficit budgétaire hors pétrole ; - le renforcement de la gestion des finances publiques ; - l’accélération des réformes structurelles pour promouvoir un environnement favorable au développement du secteur privé. sification accrue de l’économie. Le secteur forestier a connu d’importantes réformes notamment dans le domaine de la libéralisation de la vente de certaines essences et de la mise en oeuvre du Projet Sectorielle Forêt Environnement ( PSFE) dont le but final est d’instituer une gestion plus rationnelle et durable de la ressource forestière. Parallèlement, le Gouvernement a soutenu toutes les réformes visant à encourager le financement des entreprises. La création de la bourse des valeurs mobilières, le développement de la microfinance, la libéralisation des taux débiteurs et les efforts déployés pour adapter le cadre du droit des affaires aux normes de l’Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique ( OHADA) sont, entres autres, des mesures mise en oeuvre pour atteindre l’objectif.
Le Gouvernement a par ailleurs orienté son action vers une meilleure régulation des marchés. Une Direction Générale de la Concurrence et de la Consommation a été créée en 2005 en remplacement de l’ancienne Direction Générale des Prix dont l’existence dans un marché concurrentiel était devenue anachronique.
Sur le plan de la gouvernance et de la transparence, le Gouvernement a réalisé des progrès décisifs
Le gouvernement gabonais a décidé d’élaborer un système fort de bonne gouvernance. La Cour des comptes, a renforcé son rôle en réalisant des audits supplémentaires. Une commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite a été créée. Elle est mandatée à collecter des déclarations de fortune des agents publics, enquêter sur l’enrichissement illicite et à prendre des mesures conservatoires pour prévenir, détecter et réprimer les pratiques d’enrichissement illicite.
Le Gabon a adhéré à l’EITI en mai 2004 devenant ainsi l’un des pionniers de cette Initiative. Son objectif est d’accroître la transparence des recettes issues des secteurs pétrolier, minier et gazier. Le Gabon a publié trois rapports sur ces revenus pétroliers et miniers. C’est en reconnaissance de ces efforts qu’il a été admis comme membre du conseil international EITI.
LE
PROGRAMME TRIENNAL 2007- 2010 RENFOR-
DEVRAIT CER LES ACQUIS ET AMÉLIORER LES CONDITIONS SOCIALES DES
VULNÉRACOUCHES LES PLUS BLES
Bien que le programme de précaution de 6 mois 2003-04 et le programme de 14 mois 2004- 2006 conclus avec le FMI aient produit des effets positifs, il n’en demeure pas moins que l’économie n’a pas réussi à se débarrasser de la tutelle du secteur pétrolier. L’économie demeure vulnérable aux chocs pétroliers et les taux de croissance sont inférieurs à ceux des OMD. Dans le même temps, les indicateurs sociaux sont encore en deçà des ambitions légitimes du Gouvernement.
Conscient de cette réalité, le Gouvernement a adopté un Document Stratégique de Réduction de Pauvreté et de la Croissance (DSCRP) en 2005. Le DSRPC, exprime une vision à long terme reposant sur quatre piliers à savoir : ( i) la promotion d’une croissance forte, soutenue et bénéfique aux pauvres, ( ii) l’amélioration des infrastructures ; ( iii) l’amélioration de l’accès des populations aux services essentiels ; ( iv) et l’amélioration de la bonne gouvernance.
Pour mettre en oeuvre le DSCRP et renforcer les acquis des premiers programmes, le Gouvernement a signé un programme économique et financier avec le FMI pour la période 2007- 2010. Ce programme vise trois objectifs : Le renforcement de la bonne gouvernance et de la transparence apparaît comme un objectif transversal de ce programme.
Le Gouvernement compte faire usage de façon efficiente des instruments budgétaires, monétaires, de commerce extérieur pour atteindre ces objectifs.
Le programme devrait générer une croissance moyenne du secteur hors pétrole de 5% et un niveau d’inflation inférieur à 3% tout au long de la période du programme.
Les résultats de la première revue réalisée en octobre 2007 sont encourageants. La consolidation des finances publiques se poursuit pour ramener le déficit primaire hors pétrole à son niveau soutenable à long terme (11% en 2007 et 6% en 2010).
Le processus de privatisation est quasiment achevé.
Le Gabon a pu finaliser l’opération de rachat anticipé de la dette gabonaise envers les créanciers du Club de Paris.
Cette opération visait à réaliser des économies budgétaires permettant de mieux financer les dépenses sociales et les infrastructures de développement, dans le cadre de la mise en oeuvre du programme de société du Chef de l’Etat.
Les créanciers membres du Club du Paris ont conclu, moyennant une décote de 15%, avec le Gouvernement, en juillet 2007, un accord de rachat anticipé de 86% de la dette gabonaise représentant environ 2,189 milliards de dollars US.
La France, la Grande- Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, l’Italie et le Brésil ont participé à cette opération. La France a par ailleurs accordé une décote supplémentaire de 5% ( environ 50 millions d’euros), sous forme de conversion de créances, pour financer les projets de développement durable dans les domaines de la protection et du développement de la forêt gabonaise.
L’opération de rachat anticipé auprès des créanciers du Club de Paris devrait améliorer le profil du service de la dette et réduire son poids sur le budget de l’Etat. Cette opération a été financée sur ressources propres et grâce à deux émissions obligataires sur le marché international et sous-régional. Elle a permis au Gabon d’obtenir une notation BB- par les principales agences de notation ( Standard& Poors et Fitch) plaçant ainsi son économie dans le « radar screen » des investisseurs internationaux.
Cette insertion réussie du Gabon sur les marchés financiers des capitaux aura été une grande réussite, malgré le contexte morose au niveau des places boursières du fait de la crise des « subprimes » .
L’insertion sur les marchés des capitaux et l’obligation d’évaluation annuelle mettent le Gabon dans la gestion moderne de sa dette et de son économie.
Le Gabon a mis en oeuvre un programme très ambitieux qui vise à renforcer sa situation économique et sociale. Il s’agit d’une stratégie pour la compétitivité, la croissance, l’emploi, l’amélioration des indicateurs sociaux, la bonne gouvernance et le respect de l’environnement et des ressources naturelles. Les autorités sont conscientes que l’ajustement est un processus long, difficile et coûteux. C’est pourquoi la République gabonaise a fait le choix d’inscrire son action dans la durée pour assurer la transition et la modernisation de son économie.
Le Gabon a conclu avec le FMI un programme de précaution ( Staff Monitoried Program, SMP 200304), un programme de 14 mois ( Stand by 2004- 05) et un programme triennal 2007- 10
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