Pierre-Louis AGONDJO-OKAWE est né le 30 décembre 1936 dans la localité d’Awouta, province de l’Ogooué Maritime au Gabon. Par commodité, on dit qu’il est né à Omboué . Il est le fils aîné d’une famille nombreuse, frère de Joseph REDJAMBE, ancien secrétaire général du Parti gabonais du Progrès assassiné à Libreville en 1990 pendant la Conférence nationale et considéré comme le premier martyr de la démocratie au Gabon.
Il part pour la France en 1959, étudie le droit à la faculté de Lille jusqu’au doctorat et obtient également le certificat d’aptitude à la profession d’avocat, pour lequel il prête serment en septembre 1967.
Ancien professeur assistant d’anthropologie juridique à la Sorbonne, il devient professeur de droit à l’Université de Libreville. Parmi ses nombreuses activités syndicales et politiques, il mène campagne avec son frère Joseph REDJAMBE et René SOUZATTE contre le « oui » au référendum proposé par de Gaulle en 1958 . Il milite d’abord au Mouvement gabonais d’action populaire (MGAP), un parti politique clandestin sous Léon MBA, puis au Parti gabonais du travail (PGT) qui prône la démocratie avant de fonder le10 mars 1990 le Parti gabonais du Progrès (PGP), associé à l’Internationale socialiste.
En rupture avec le régime du parti unique, le PGP devient la principale formation politique à conduire le soulèvement des populations après l’assassinat mystérieux du secrétaire général du Parti. Pierre-Louis AGONDJO-OKAWE négocie avec le régime gabonais les Accords de Paris mais refuse d’entrer au Gouvernement. Il est candidat à la Présidence de la République en 1993 et devant les fraudes massives qui ont amené le maintien d’Omar BONGO, il forme le Haut conseil de la Résistance avec l’ensemble des forces politiques d’opposition.
Pierre.Louis AGONDJO-OKAWE est le premier bâtonnier de l’ordre des avocats gabonais, car jusqu’à son élection, seuls des Européens occupaient cette fonction. Il a plaidé lors du procès consécutif à l’assassinat politique de Germain MBA. Il est arrêté en 1972 pour atteinte à la sûreté de l’Etat et condamné à trois ans et demi de prison dont les conditions difficiles de détention ont fragilisé sa santé. Il défendra la liberté d’association politique, les libertés individuelles et les droits de l’Homme en Afrique, en plaidant lors du procès de Laurent GBAGBO en 1992, du procès de Manboundou et Moubandjo qui révèlera les pratiques de la torture au Gabon, du procès d’Abel NGOUMBA à Bangui en Centrafrique. Il participe à l’élaboration de la Charte des Droits de l’Homme et des Peuples en Afrique. Il est également praticien du droit traditionnel OKAMBI..
Il est l’auteur de nombreuses communications et d’essais sur la pensée juridique africaine, le droit coutumier, la parenté, les rites et les croyances des peuples du Gabon. Cette parfaite connaissance des langues gabonaises, y compris le fang, lui a toujours permis d’essayer de dépasser les conceptions ethnicistes dans son combat politique. Il aimait à se rappeler les peuples du Woleu-Ntem où il avait grandi à Bitam et à Oyem. Il y comptait beaucoup d’amis d’enfance.
Sans cesse réélu député depuis 1990, il devient député-maire en novembre 2000 de la capitale économique du Gabon ; Port-Gentil. Pendant son mandat, il développe la coopération décentralisée avec certaines collectivités locales françaises et prend des initiatives en matière scolaire, d’aménagement de la ville, en construisant des logements sociaux pour les habitants. Il mène une action vigoureuse en matière de santé publique, d’éducation et d’environnement dans le sens du développement durable. Puis pour des raisons de santé, il ne se représente pas à la Mairie de Port-Gentil, choisissant lui-même son successeur, Séraphin NDAOT.
Son parti, le PGP, est divisé par des luttes internes accentuées par un environnement d’asphyxie politique qu’est le Gabon. En effet, le contexte d’un régime féroce installée depuis presque 40 ans, fonctionnant sur la corruption et des modes subtils d’intimidation, a brisé en partie l’opposition politique dont l’espace s’est progressivement rétréci depuis le dernier gouvernement Jospin en 2002. Au lieu de conserver une certaine cohérence, Pierre-Louis AGONDJO-OKAWE n’a pu empêcher de donner au PGP une image de déchirements internes. Il n’en demeure pas moins qu’il a su maintenir une ligne politique d’intégrité respectée par les populations dans un contexte politique, dans lequel, en dépit des apparences, la confiscation du pouvoir est totale.
Ses interventions politiques étaient redoutées même si son état de santé lui avait fait renoncer à une ultime candidature à la présidence de la République,
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