Carell
Bohoui-Baclaud
Consultant en
Communication
Et en Stratégies
politiques et sociales
+226 78 32 31 71
Ouaga, le 02 Septembre 2008.
Ajustement mental : le remède au
drame Africain
A toutes les
élites africaines
A tous les
peuples d’Afrique
A Mamadou
Koulibaly, Okili et Biwagou du Fucr, Agnès Krady des amis miens
En hommage aux
braves populations africaines et à la mémoire des illustres ancêtres
Le continent africain
est à la traîne des autres. Il souffre d’une pauvreté chronique qui paraît
d’autant plus incurable que toutes les tentatives de solution ébauchées en vue
de remédier à son mal se soldent par des échecs.
Des indépendances
jusqu’à ce jour, les montagnes de remèdes appliqués par les institutions
internationales de même que les velléités des Etats africains eux-mêmes ont
accouché d’une souris. Quand elles n’ont pas tout simplement refusé
d’accoucher.
Une incapacité qui témoigne de la mauvaise approche faite du drame africain et démontre que, autant les premières citées que les africains eux-mêmes font partie du problème. Pour parler comme le reggaeman jamaïcain Buju Banton : ‘’ you’re not part of solution then you’re part of problem’’. Autrement dit, si on ne fait pas partie de la solution, on fait (d’une manière ou d’une autre) partie du problème.
L’échec des programmes de redressement
économiques mis en place depuis les ‘’indépendances’’ de nos Etats puisent leurs
sources non seulement dans leurs caractères drastiques, mais surtout
inappropriés et inadaptés aux vraies réalités africaines. A dessein d’ailleurs…
Les institutions
internationales, dont sont maîtresses les puissances capitalistes de ce monde,
n’ont jamais eu pour véritable mission de permettre aux autres peuples
d’émerger. De se hisser à leur rang, mieux de les supplanter. Il suffit de se référer aux programmes
d’ajustement structurels des années 90 pour s’en convaincre.
Les PAS de ces
années-là, n’ont eu pour principaux objectifs inavoués que de renforcer et pérenniser
(par l’entremise du FMI et de la Banque
Mondiale
En effet, ce
Vent de l’Est, comme son appellation l’indique, n’était pas destiné au Sud.
Savamment planifié
par les grandes nations capitalistes en vue de la déstructuration du bloc soviétique
et sa mise sous coupole, le Vent de l’Est s’est malencontreusement déporté vers
d’autres horizons.
C’est ainsi que,
contre les prévisions de ses initiateurs et séduites par les artifices de
liberté et de démocratie dont il a été habillé, les masses africaines sont
intervenues dans ce vaste mouvement à l’effet de porter haut, elles aussi, leur
désir d’émancipation.
Il relève donc
de l’accident que les Africains se soient invités à ce ‘’banquet démocratique’’
auquel ils étaient nullement conviés.
Une contingence
de l’histoire.
Ce n’est pas un
hasard si, en pleine période de contestations des populations africaines, l’ex
président français jacques Chirac –prétextant des turbulences qui ont suivi ces
mouvements et qui n’étaient en rien différentes ceux de l’Est-, a jugé bon
de décréter : ‘’ Les Africains ne
sont pas mûrs pour la démocratie.’’
Cependant,
l’histoire se faisant ; ce désir de liberté, longtemps étouffé, s’est
présenté comme une grave menace pour le système de prédation économique et
politique occidental imposé à nos Etats. C’est donc dans le but de contrer les
besoins réels des Africains afin de préserver les intérêts des nations
dominantes que ces plans conjoncturels de redressement ont été mis en œuvre.
D’ailleurs, les
programmes dictés aux Etats sous
domination depuis les années 60 n’ont répondu qu’à cet unique objectif. Le cas
de la Jamaïque
Malheureusement,
les différentes tentatives (?) des Etats africains à travers les élites et les
masses afin de solutionner le mal qui ronge notre continent, ne connaissent pas meilleur sort. Car, à dessein
ou par ignorance, les Africains se refusent à reconnaître les véritables
raisons du drame qui les affecte et de s’assumer.
Il existe une
vérité que nous devons constamment avoir à l’esprit.
S’il est indéniable
que l’Afrique souffre de la pauvreté, celle-ci est loin de représenter la
source de ses malheurs présents. Mais la conséquence. En ce sens que nous
n’avons pas souvenance dans l’histoire du continent d’un état de putréfaction
aussi avancé et généralisé avant la
colonisation et, plus loin, l’esclavage.
En effet, en vue
d’asseoir sa domination, le colonisateur s’est attelé au démantèlement de nos
sociétés et de ses valeurs pour faire de l’homme Africain, autrefois libre, un
parfait sujet.
Le système
colonial, guidé par la négation de nos valeurs et partant de l’africain
lui-même, avec comme point d’encrage la fascination des siennes, a eu pour
conséquence de pervertir notre mode de pensée. Ceci, de sorte à le réduire
à un état de sauvage et de barbare dont seule la civilisation occidentale
demeure l’unique Salut.
Un cynisme
poussé à un tel paroxysme que même le Roi de cette jungle nôtre, à laquelle nous avons été cantonnés par l’imagerie
hellène, s’est trouvé encore être comme
par enchantement… un certain Tarzan. Le plus sauvage des occidentaux.
Si bien que l’Africain
aujourd’hui n’a plus conscience de son existence en tant qu’être humain doté
d’une histoire, d’une culture, d’un génie et de réalités qui lui sont propres.
Ses repères étant devenus occidentaux. A ce titre, toute chose ne suscite son intérêt ou sa
passion que lorsqu’elle porte le cachet de l’occident. Et pire désormais,
d’horizons autres que l’Afrique.
Le système
d’éducation hérité de la colonisation a fait de lui, un consommateur non un
producteur, un as de la mimique non un créateur, un éternel assisté non un
partenaire. Enfin, un décor dans le monde non un participant du monde. Une
extraversion telle, que nous sommes en total déphasage avec notre milieu
et nos réels besoins.
Nos Etats
forment des millions d’étudiants en espagnol alors que les populations sont
affamées en dépit de la fertilité et de la disponibilité des terres arables.
On éduque autant
de millions d’étudiants en allemand quand le chômage et la maladie déciment nos
populations.
On attend de
l’Europe les remèdes aux maux qui nous affectent, alors que leurs médications
sont à portée de main, chez nous.
On enivre notre
jeunesse de l’histoire des grandes conquêtes et œuvres de Napoléon quand elle ignore celles de ses illustres
ancêtres.
On se passionne,
et s’entretue au besoin, pour l’islam et le christianisme quand on rejette nos
pratiques religieuses ancestrales. Dans l’ignorance totale que la religion est
l’âme culturelle d’un peuple bien déterminé. Le ciment de sa civilisation.
L’instrument de sa conquête du monde.
Nous sommes
frappés par la pauvreté, tandis que des secteurs entiers de nos économies
attendent d’être exploité et nos enfants sont livrés à la rue.
Le tableau paradoxal
de cette indicible extraversion, qui fait peine à voir,
n’est pas exhaustif.
De surcroît,
cette mentalité de colonisé, sans cesse contrariée par les poches de
résistance de nos valeurs propres qui
ont vie dans ce qui reste de nos sociétés traditionnelles, a contribué à
produire un profond déséquilibre en nous. Engendrant de ce fait, une autre espèce
d’individus.
Ni africain ni
occidental, ni rien en définitive sauf un être humain, l’Africain apparaît de
nos jours comme un déséquilibré mental. Un être hybride à l’image de la chauve-
souris dans le règne animal. Ni oiseau, ni mammifère.
C’est pourquoi,
une refondation de nos mentalités s’avère plus que jamais nécessaire afin de
sortir les peuples Africains du fond de l’abîme où ils végètent.
Ceci étant
entendu que, quelques soient les pluies de milliards de Francs ou autres
richesses dont dispose un déséquilibré, il n’en fait rien. Sinon rien que du
gaspillage dans la mesure où il demeure sans repères ni objectifs précis.
Cependant, il
convient de faire remarquer qu’il ne s’agit nullement ici d’un changement de
mentalité. Car un changement de mentalité dans le cas africain suppose, soit un
reniement radical des valeurs occidentales afin de s’arc-bouter autour de
celles uniquement africaines : signe de notre involution ; soit un
accord total avec elles : marque de
notre perdition.
Il est établi
que certaines valeurs occidentales font désormais partie de nos réalités par la
force des choses. Il nous appartient d’en faire le tri et de ne retenir que ce
qui est d’abord bon pour nous.
En ce qui nous
concerne, le remède au mal africain réside de prime à bord dans un ajustement
mental. C’est-à-dire une prise en compte des deux réalités marquée par la
prédominance de nos valeurs propres. Autrement dit, un rééquilibrage de notre
mode de pensée qui appelle à la réhabilitation sans complexe aucun de nos
valeurs comme fondement de notre évolution, de nos empreintes dans l’histoire
de l’humanité et à une appropriation des valeurs qui font la force des autres
peuples dans le monde.
Une condition
incontournable qui scellera, à n’en point douter, l’Unité et la Renaissance
Dans la mesure
où, cet Ajustement fera ressortir, au
delà des particularismes, les traits fondamentaux communs aux peuples
africains. Traits de valeurs qui se résument au socialisme, la solidarité, au
partage vrai ; en un mot, un humanisme affirmé.
Dès lors,
l’Africain ne concevra plus les problèmes d’un point de vue sectaire et
synchronique mais s’éveillera à une approche globale et diachronique de son
évolution dans le monde.
Toute chose qui
conduira à une symbiose entre les élites et les masses, fera l’unité et la
stabilité de nos sociétés puis stimulera le génie de nos peuples, particulièrement,
dans les domaines où ils excellent.
Une donne
nécessaire qui constituera incontestablement la force et la marque de l’Africain
de demain dans le concert des peuples.
D’ailleurs, de
toute l’histoire de l’humanité, aucun peuple ne s’est imposé au monde en se
reniant.
Pour ce faire,
il nous appartient d’imaginer les voies et moyens qui permettent d’atteindre ce
but.
La logique
impose, puisque c’est d’abord par la ruse puis la force que nous, peuples
africains, avons été réduits au statut d’instruments par les puissances dominantes
de ce monde, que nous empruntions la voie de la ruse.
Pour trois
raisons qui nous semblent essentielles.
Primo, l’esclavage,
la colonisation et l’ère capitaliste avec leur cortège de malheurs que nous
subissons en ce moment ont assez vidé notre continent de ses ressources
humaines et de ses fils parmi les plus valeureux.
L’Afrique est
aujourd’hui sous peuplée contrairement à ce que l’on voudrait nous faire
croire. 875 millions d’habitants pour un gigantesque territoire de 30 millions
de km2 contre 375 millions d’habitants pour seulement 3.231.000 km2 concernant
l’Europe, et 2 milliards d’individus pour 9.630.960 Km2 s’agissant de la chine uniquement.
Un dépeuplement
qui constitue une de ses faiblesses majeures qu’il nous appartient de combler.
Secundo, les
rapports de force physique (militaire) entre l’occident et l’Afrique revêtent
une disproportion flagrante et indiscutable.
Tertio, le
nouveau contexte de compétition mondiale de ce début de XXI è siècle rend caduc
tout usage de la force physique.
Pour preuve,
l’usage abusif des opérations militaires des USA et de l’Europe (de manière
solitaire ou sous le couvert de l’ONU et l’Otan), a grandement affecté leurs économies.
Le revers de la médaille.
De plus en plus
de nations au monde possèdent une capacité de nuisance qui impose un équilibre
la terreur.
Il n’est pas
dans notre entendement de céder au défaitisme ni à la résignation. Mais le bon
sens recommande que tout usage de la force ou de la ruse soit fonction du
contexte. ‘’ Quand la musique change, la danse change’’, nous apprend la
sagesse africaine. C’est la marque de tout homme et tout peuple intelligent.
Les Dragons d’Asie,
le Japon et la chine en tête, de même
que l’Inde ont réussi ce pari en trouvant les ressorts de leur émergence dans
la richesse de leur valeur propre, l’intelligence de leurs peuples et la
maîtrise de ce qui fait la force du monde occidental. Ceci, sans avoir eu
recours à des conquêtes militaires.
Il appartient
donc aux Africains d’en faire autant. Voire mieux, vu l’immense potentiel dont
ils disposent.
Si les solutions
à nos maux résident en grande partie dans nos valeurs fondamentales et nos réalités
propres, l’éducation est la clé du sésame de notre nouveau départ dans la
marche de l’humanité. Une Education qui ses fondements dans nos valeurs et qui
concoure à l’amélioration de notre vécu. Non une instruction telle qu’elle nous
été léguée par le colonisateur.
Il ne sert à
rien de s’attaquer aux superstructures de prédation des puissances dominantes
qu’il suffit de mettre hors-jeu, si nous
imaginons les moyens de notre propre développement.
Il est aussi
illusoire de se précipiter vers la constitution de grands ensembles économiques
ou politiques, si chaque Etat africain ne procède pas à sa propre toilette, sa
propre refondation. Ce serait bâtir une maison en commençant par le toit.
Au demeurant,
s’il est mathématiquement admis comme postulat que 1+1=2, donc l’union fait la
force ; il n’est pas moins vrai que : 1 Pauvre+1 Pauvre= 2 Pauvres, 1
Déséquilibré + 1 Déséquilibré = 2 Déséquilibrés dont les unions font la force
de désastres non seulement pour eux-mêmes, mais pour l’humanité toute entière.
C’est dire qu’on
ne sait par quelle magie un agrégat de maux incarné par un assemblage d’Etats
désintégrés (Hier l’OUA, aujourd’hui l’Union Africaine, pâles copies de l’UE),
pourrait indubitablement déboucher sur le Salut de l’Afrique.
A l’heure où le
monde occidental subit les revers d’un capitalisme sauvage, les Etats-Unis
d’Amérique et l’Europe semblent intellectuellement ménopausées, il appartient à
chacun des Etats, chaque société
africaine, chaque corporation, chaque famille, chaque individu, de sonner
l’heure du Réveil Africain afin de ne pas manquer cet important rendez-vous de
notre histoire et des Grands Peuples.
Les moyens sont
là qui existent. Il suffit, ensemble, de réunir toutes nos énergies afin de les
imaginer.
Carell
Bohoui-Baclaud
Consultant en
Communication
Et en Stratégies
politiques et sociales
+226 78 32 31 71
Ouaga, le 02
Septembre 2008.
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